Nous sommes nés avant la télévision, avant la pénicilline, avant les produits surgelés, les photocopies, le plastique, les verres de contact, la vidéo, le magnétoscope et avant la pilule.
Nous étions là avant les radars, les cartes de crédit, la bombe atomique, le rayon laser, avant le stylo à bille, avant le lave-vaisselle, les congélateurs, les couvertures chauffantes, avant la climatisation, avant les chemises sans repassage et avant que l'homme ne marche sur la lune.
Nous nous sommes mariés avant de vivre ensemble. La vie en communauté se passait au couvent. Le fast-food pour les Anglais était un menu de carême et un Big-Mac était un grand manteau de pluie. I l n'y avait pas de mari au foyer, pas de congé parental, pas de télécopie, pas de courrier électronique.
Nous datons de l'ère avant les HLM et d'avant les Pampers. Nous n'avions jamais entendu parler de modulation de fréquence, de cœur artificiel, de transplant, de machine à écrire électrique ni de jeunes hommes portant une boucle d'oreille.
Pour nous un ordinateur était quelqu'un qui conférait un ordre ecclésiastique. Uns puce un parasite et une souris un aliment pour chat. Les paraboles se trouvaient dans la Bible, pas sur les toits. Un site était un point de vue panoramique, un CD-Rom nous aurait fait penser à une boisson jamaïcaine. Un joint empêchait un robinet de goutter. L'herbe était pour les vaches et une cassette servait à ranger les bijoux. Un téléphone cellulaire aurait été installé dans un pénitencier. Le rock était une matière géologique; un gay était quelqu'un qui faisait rire; made in Taïwan était l'exotisme et le Hespérides des nymphes nous offrant des pommes d'or qui donnaient l'immortalité.
Mais nous étions sans doute de bonne race robuste et vivace quand on songe à tous les changements qui ont bouleversé le monde et à tous les ajustements que nous avons su négocier. Pas étonnant que nous nous sentions parfois sûrs de nous et fiers d'avoir su sauter le fossé entre nous et la génération d'aujourd'hui.

Et nous sommes toujours là!!!!         1944, c'est après tout un bon cru!          Il n'y a qu'a voir la suite.Next